Vous m’ennuyez
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Vous m’ennuyez.
Je l’écris comme un cri du cœur.
Je l’écris comme une entaille qui vient couper le souffle.
Comme une expression de l’âme
Comme son cri libérateur.
Pas que je vous jalouse.
Oh non, détrompez-vous.
Vous m’ennuyez simplement.
Comme ce cours de fiscalité que je suis censé suivre pendant que j’écris ces lignes.
Vous m’ennuyez. Vous qui me soulignez que j’ai grossi avant même de me saluer. D’ailleurs vous, je vous emmerde.
Vous m’ennuyez. Vous qui avez mon âge ou presque, possédez une belle maison, êtes mariés, avez déjà engendré. Vous qui brandissez vos vies routinières comme bonheur absolu.
Vous m’ennuyez. Vous qui aviez trouvé votre vocation avant même d’avoir une apparence, et me demandant d’un air dédaigneux que vas-tu foutre de ton existence ?
Vous m’ennuyez. Vous les beaux qui n’avez qu’à respirer pour aimanter les corps. Que reste-t-il de nous ? Les moches, les difformes qui nous surmenons comme des lions, faisons preuve de toujours plus d’imagination, d’inventivité et ne récoltant que des “vu” et autres messages d’amitié.
Vous m’ennuyez. Les petits haineux. Vous qui êtes dans la grande spirale infernale de la haine. Invectivez vos frères, vos sœurs. Non, vous… Vous, je vous plains.
Vous m’ennuyez les bien-pensants.
Vous m’ennuyez les hypocrites.
Vous m’ennuyez les ingrats. Qu’y a-t-il de pire qu’un ingrat ? Réfléchissez-y, rien ! Je vous méprise !
Vous m’ennuyez les publicitaires. Vous qui ne me montrez que ce je n’ai pas. Vous qui m’incitez à ravaler mes belles paroles écologistes et humanistes.
Vous m’ennuyez. Les petits vantards pour qui écraser les autres est un moyen d’exister. Pauvre de vous.
Vous m’ennuyez. Vous, Diktats de beauté. Vous qui imposez des normes d’apparence à nos femmes, nos mères, nos sœurs, nos ami.e.s. Vous qui voulez d’une féminité sans rondeur, sans poil, sans odeur. Il est grand temps de vous faire disparaitre.
Voilà mon cours terminé.
Je n’ai donc plus à écrire sur mon ennui pour le semer.
André
