5 épisodes de podcasts à écouter au mois d’avril
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Chaque mois, Clémence te propose de découvrir 5 épisodes de podcasts qui l’ont marquée. Entre féminisme, antiracisme, écologie et pleins d’autres sujets… l’occasion de satisfaire sa curiosité et de nourrir ses réflexions sur le monde.
1. Afrotropiques : Malcom Ferdinand // Penser une écologie décoloniale, une écologie du monde” (réalisé par Marie-Yemta Moussanang)
Afrotropiques est un podcast qui aborde des questions contemporaines, à partir du point de vue des Suds et tout particulièrement des mondes africains. En invitant des intellectuel.le.s, chercheur.e.s et autres, Marie-Yemta Moussanang traite des questions écologiques, mais aussi politiques, économiques, philosophiques…
Dans cet épisode, le philosophe caribéen Malcom Ferdinand parle de l’écologie décoloniale, liant les luttes environnementales et décoloniales. Entre autres, il revient sur l’histoire coloniale pour comprendre la généalogie de la crise écologique actuelle. Il raconte l’histoire des Navires négriers, des politiques coloniales, de la dégradation et de l’asservissement de la nature durant cette période. Il appelle ce processus “un habiter colonial de la terre”, notion centrale qu’il développe en profondeur durant l’échange.

Ce que j’ai aimé/appris :
Afrotropiques s’inscrit dans une logique profondément décoloniale : tous les sujets abordés remettent en question les discours dominants. Le passage qui lie la violence de la colonisation contre les populations racisées et les violences contre la nature est très intéressant. En réalité il s’agit d’un seul et même système qui oppresse différemment plusieurs humains et espaces. L’échange avec Malcom Ferdinand m’a ouvert de nouvelles pistes de réflexions concernant les luttes environnementales.
2. Yesss : Warriors et diktat de beauté (réalisé par Elsa Miské, Margaid Quioc, Anais Bourdet)
Le Yesss est un podcast féministe qui partage les victoires quotidiennes de femmes face au sexisme. Dans le milieu de l’art, des entreprises ou encore dans la sphère de l’intimité, elles sont plusieurs à se battre, à leur manière, contre les injonctions patriarcales.
Dans cet épisode, des femmes partagent leurs combats contre les diktats de beauté. Ces dernières ont choisi de les questionner et, surtout, de ne pas les suivre. “Elles ont arrêté de s’épiler, de porter des soutien-gorge, elles foutent la paix à leurs cheveux blancs, s’habillent comme elles veulent, se foutent de ce qu’on attend d’un genre ou d’un autre… Bref, les normes, elles en font des freesbees !”

Ce que j’ai aimé/appris :
S’affranchir des diktats de beauté peut s’avérer parfois compliqué. Lorsqu’une femme s’éloigne des normes sociales de beauté, elle est constamment sujette à des remarques, micro-agressions et autres violences. Écouter les témoignages de ces femmes dans le cadre d’un espace de parole bienveillant pourra en aider plus d’un.e dans sa déconstruction des injonctions corporelles sexistes.
3. L’atay : Esprits, Djinns et sorcellerie (avec Lyna, Sidox, Amal et Kawter)
Chaque mois, un groupe hétéroclite de personnes maghrébines se réunit pour parler de leur quotidien et des problématiques touchants leur communauté. Entre la France et le Maghreb, iels parlent du bled, de la culture, de la place des femmes, de leur construction identitaire… Tout le podcast se déroule sous une forme de conversation légère entre ami.e.s.
Dans l’épisode 8, Lyna, Sidox, Amal et Kawter discutent de leurs croyances, et plus précisément des esprits, djinns et de sorcellerie. Chacun.e partage des histoires hallucinantes qu’iel a vécu aussi bien en France qu’au Maghreb. Entre la possession de corps, des maisons hantées, l’apparition de fantômes, votre curiosité est largement stimulée.

Ce que j’ai aimé/appris :
La forme du podcast rend l’écoute super agréable, j’ai eu l’impression de participer à une conversation entre potes. J’ai bien aimé lorsque quelques notions religieuses ont été explicitées, j’en ai donc appris un peu plus sur les croyances musulmanes et la culture maghrébine en générale. Attention, je ne recommande pas ce podcast aux personnes ayant peur des esprits.
4. Intime et politique : La politique des putes (réalisé par Océan)
La politique des putes est une série d’épisode qui interroge les stigmates et représentations sociétales des travailleur.ses du sexe (TDS). Le terme travailleur.se du sexe comprends plusieurs métiers : effeuilleuse érotique, performeur.se pornographique, escorte, strip-teaseur.se, prostitué.e.s…
Cette série est divisée en plusieurs épisodes d’environ 30 minutes qui traitent chacun d’un sujet étant directement en lien avec le travail du sexe. Océan donne la voix aux TDS largement invisibilisé.e.s dans les débats publics. Tous.tes racontent leurs expériences professionnelles ouvertement. Iels soulèvent également les violences systémiques ainsi que le poids des stigmates à l’égard de leur travail, ce qui contribue à leur marginalisation et leur précarité.

Ce que j’ai aimé/appris :
Avant d’écouter ce podcast, je ne connaissais absolument pas le sujet du travail du sexe. Grâce à cette série, j’ai pu déconstruire les stigmates que j’avais, inconsciemment ou non, intégré. Ma vision générale du travail du sexe a pas mal changé depuis l’écoute de cette série. De plus, elle est très facile à écouter et très pédagogique, je recommande !!
5. À l’intersection : Fétichisme racial et racisme sexuel (réalisé par Anas Daif)
A l’intersection s’intéresse aux expériences des diasporas nord-africaines, afro-descendantes et asiatiques en France. Ces dernières sont toujours examinées à travers le prisme de l’intersectionnalité. En bref, le concept d’intersectionnalité a été développé en 1989 par Kimberlé Crenshaw ; il vise à analyser l’imbrication des rapports de force et développe l’idée d’identité et d’inégalités multiples et interdépendantes. L’approche intersectionnelle n’aborde pas séparément les oppressions, celles-ci n’étant jamais seulement raciales, sexuelles, de classe, d’âge, religieuses, de l’origine et tant d’autres.
Ainsi, ce podcast adopte une approche intersectionnelle, entre témoignages et analyses. Anas Daif y évoque différentes expériences rencontrées par les personnes racisées en France : les micro-agressions, le racisme ordinaire, la vie dans les quartiers populaires, la place de la parole des français.e.s musulman.e.s en France…
Dans cet épisode, les concepts de fétichisme racial et de racisme sexuel sont étudiés en profondeur.
Le fétichisme racial peut être défini comme une obsession à l’égard des personnes racisées. Elle conduit à une déshumanisation symbolique de ces dernières. C’est le cas par exemple des personnes dont l’attirance sexuelle/romantique est dirigée vers des personnes d’une origine ethnique spécifique. Ici, les concerné.e.s témoignent et analysent ce phénomène en lien direct avec un héritage colonial.

Ce que j’ai aimé/appris :
Cet épisode définit le fétichisme racial et explique clairement la différence entre attirance/préférence et fétichisme. Perso, j’en ai appris beaucoup !
Clémence
Instagram : @penserlemondee